(Re)découvrir le Musée des Sables.

Née de la mer, il y a plus de 800 ans, la ville des Sables-d’Olonne a ancré ses pieds dans le sable des dunes avant de se tourner vers le large et le vaste monde. Connue pour ses ports, sa grande plage de sable fin, la cité balnéaire rayonne à travers la planète-voile grâce au mythique Vendée-Globe, mais caresse aussi le rêve de devenir une ville de culture et d’art.

Créé dans les années 60, sous l’impulsion du ministre André Malraux qui souhaitait implanter des centres culturels en région, le Musée de l’Abbaye Sainte-Croix fait également partie de l’ADN de la ville et contribue à sa renommée nationale. Le MASC, comme on l’appelle dans le milieu, lieu de conservation et d’innovation, occupe une place de choix dans le monde de l’art moderne et contemporain français.

Installé dans un lieu patrimonial, le musée, sous la gouverne de Gaëlle Rageot-Deshayes, poursuit sa mission tout en s’ouvrant de plus en plus sur l’extérieur.

Un musée ouvert sur sa ville

Depuis quelque temps, les passants peuvent profiter de deux sculptures installées sur l’esplanade du Musée. La première, de Bernadette CHÉNÉ artiste habitant en Vendée, semble toujours avoir été là tant ses formes d’arches épurées font écho à l’architecture de l’ancienne abbaye et invitent à la contemplation.

L’autre sculpture de Pierre-Alexandre REMY se décline en bleu et déploie ses lignes virevoltantes dans l’espace. Inspirée des promenades de l’artiste dans la ville, cette œuvre raconte le tracé des pas de REMY dans les ports sablais. Libre à la personne qui regarde de partir à l’aventure sur les traces sculptées de cette balade.

Mais avant, ce serait une bonne idée de pousser la porte de ce musée unique qui abrite deux fonds d’artistes majeurs du XXe siècle, Gaston CHAISSAC et Victor BRAUNER, sans oublier des expositions temporaires qui mettent à l’honneur le travail d’artistes établis aussi bien qu’émergents et des collections d’art populaire qui reflètent la vie maritime de la cité.

Gaston Chaissac, Vendéen d’adoption, peintre & épistolier, et Victor Brauner, figure singulière du surréalisme

Au rez-de-chaussée, Victor BRAUNER emmène le visiteur dans son monde fantasmagorique, lui qui n’a eu de cesse de représenter l’invisible. Il se dégage de son travail une force incroyable que l’on comprend plus en prenant connaissance de cette citation de l’artiste choisie comme épitaphe : « Pour moi, peindre c’est la vie, la vraie vie, MA VIE… » En ce moment, sa toile La Mère des Mythes fait partie d’une exposition surréaliste à Hong Kong.

Dans les autres salles, le musée présente Gaston CHAISSAC. Celui-ci a produit une œuvre foisonnante, très personnelle qui parle à l’âme. Dans une lettre à Raymond QUENEAU, il écrivait : « Je ne me dis pas artiste, je ne me dis pas poète, mais je me sens artiste, je me sens poète parfois. Je me sens paysan. Je me sens traceur de piste, guide. » Traceur de piste, il l’était assurément et son travail ouvre encore de nos jours de fabuleux sentiers à explorer aux visiteurs du MASC.

Les boîtes d’Henri Guitton

Toujours dans la collection permanente, le visiteur a accès aux boîtes de GUITTON. Enseignant et amateur de pêche installé aux Sables-d’Olonne, Henri GUITON possède l’art de mettre en boîte les petits objets de tous les jours que ramasse son épouse Lucette. Cet homme partage avec Chaissac le goût des objets du quotidien, il sait révéler leur part de poésie et de beauté qui échappe souvent au commun des mortels. Ses boîtes empreintes d’humour, de poésie offrent à celui qui les regarde mille et un voyages au pays de la mémoire.

Populaire, l’art de la mer

En empruntant l’escalier qui mène au dernier étage, le visiteur découvre l’exposition d’art populaire inspiré de la mer. Là encore, le MASC offre une palette multiple de créations dédiées à la vie maritime de la cité : peintures, aquarelles, collages, sculptures, bateaux miniatures se côtoient et donnent envie de relire Vingt Mille Lieues sous les mers et autres récits qui ont bercé notre enfance. Et il y a aussi ce projet de Musée de la mer à la tour d’Arundel qui contera l’histoire de la ville pour et par la mer.

Une autre surprise attend le visiteur au détour…

Des combles tels une caverne d’Ali Baba

Les combles du MASC aux allures de coque de bateau retournée séduisent par leur beauté. Dans cet espace hors du temps, la respiration ralentit, le verbe se fait murmure et laisse toute sa place à l’art. Au fil des expositions, des artistes contemporains investissent les lieux et y installent leurs créations. Émotion et découverte sont toujours au rendez-vous. Pour la dernière exposition en place, Éric FONTENEAU a déployé sous les poutres, plus que centenaires, ses fabuleux dessins d’arbres à la pierre noire. Éclairés par l’arrière, les dessins se font ombres, le visiteur se promène le cœur battant au milieu d’une forêt de papier et de traits ténébreux. Il lève les yeux, émerveillé, vers la lumière dorée, un peu irréelle qui baigne les lieux.

Le musée dans la ville

En sortant du musée, en repassant devant la sculpture bleue, le visiteur se dit qu’il va partir à la découverte des Sables d’Olonne avec un regard neuf. Il peut se rendre dans le port sur les traces de REMY. S’il pousse jusqu’à la jetée, il découvrira la toute nouvelle fresque sur l’un des immeubles du Remblai. Aura-t-il une impression de déjà-vu ? Reconnaîtra-t-il l’œuvre de MARQUET exposée au MASC ? Ce peintre paysagiste d’intérieur avait coutume d’ouvrir la fenêtre et de peindre ce qu’il voyait. Venu à deux reprises aux Sables, il y a réalisé plusieurs toiles dont deux se retrouvent à l’Abbaye Sainte-Croix. La reproduction de l’une d’elles sur une façade du remblai fait rêver d’un musée à ciel ouvert.
En attendant, si on suit la route du littoral en été, qu’on pousse jusqu’à l’abbaye d’Orbestier, on peut y découvrir une installation d’un artiste qui expose au MASC. Une autre facette de cette institution, une autre façon de faire sortir l’art de ses murs et de venir à la rencontre du public.

Parlant d’été, en 2021, le MASC accueille trois expositions. Hugues REIP dont la production plastique fait la part belle au bizarre, à l’étrange et à l’incongru. Benoît PINGEOT, à travers la peinture et le dessin, tisse un univers extrêmement mystérieux et cultive l’énigme comme Brauner. Jules PERAHIM, compatriote du même Brauner, représente à ses côtés l’une des figures les plus marquantes de l’avant-garde roumaine des années 1930.
Aux Sables-d’Olonne, le Musée de l’Abbaye Sainte-Croix s’appuie sur des collections riches, une équipe dynamique, des Amis du Musée très actifs et un désir de la municipalité de faire rayonner l’art.

Un musée, une ville, une histoire à inventer…

MASC – musée d’Art moderne & contemporain
Abbaye Sainte-Croix
Rue de Verdun – 85100 Les Sables-d’Olonne
Tél. : 02 51 32 01 16
musee@lessablesdolonne.fr

Week-end et jours fériés de 11 h à 13 h et de 14 h à 18 h
Vacances scolaires (toutes zones) : du mardi au vendredi de 11 h à 13 h et de 14 h à 18 h
Période scolaire : du mardi au vendredi de 14 h à 18 h
Fermé les lundis et les 1er janvier, 1er mai et 25 décembre

Plein tarif : 5 €
Tarif réduit : 3 €
Gratuité pour tous, le 1er dimanche de chaque mois.