Promenade sur l’estran.

Petite promenade maritime et sylvestre entre terre et mer.

Où commence l’océan, où finit la terre ? Le promeneur qui observe la longue plage d’Olonne peut répondre à cette question en constatant que selon les coefficients et les heures de la marée, l’espace marin empiète sur le terrestre et inversement. Pour parfaire cette réponse, on ajoutera que cet espace mixte porte le nom d’« Estran ». Mot celte d’origine germanique que l’on retrouve dans « Strand » qui, en allemand, signifie « plage ». L’aspect de l’estran change chaque jour, suivant un décalage d’environ 40 minutes, lequel correspond aux variations quotidiennes et précises de la marée. Quant au coefficient, il nous rappelle de façon très « terre à terre » que notre globe est directement lié à la lune et au soleil, dont les attractions parfois se combinent, lorsque l’un et l’autre sont dans un même axe (situation de grandes marées) et d’autres fois se contrarient, lorsque leurs attractions s’opposent (faibles marées). Savant équilibre des astres entre eux, sans lequel l’univers ne serait que le théâtre de chutes et de chocs infinis. De quoi éprouver un bien réel vertige, face à cet espace de terre et de mer confondues.

Un amphibie plein de promesse
Particulièrement étendue sur l’Atlantique et la Manche du fait de l’amplitude des marées, l’estran constitue un domaine incomparable, car s’y développent une flore et une faune « amphibie » capable de vivre, tant sous la mer que sur terre. Double respiration de l’eau et de l’air. Nous y trouvons par exemple l’arénicole ou « verre de sable ». Identifié grâce aux colimaçons qu’il laisse sur la plage pour creuser son logis, il est très prisé par les pêcheurs à la ligne qui s’en servent d’appât. Il intéresse également les biologistes qui en étudient le sang. Ce sang en effet, a une composition compatible avec celui de tous les mammifères, humains inclus. Compatible parce que sans rhésus. Il est évidemment impossible d’envisager de futures transfusions entre arénicoles et humains, mais les chercheurs espèrent concevoir un sang synthétique au terme de leur étude. Une étude qui nous rappelle que le vivant vient de la mer. La composition de celle-ci, une fois dessalée, est proche de celle du plasma sanguin.

La double muraille : de dunes et de pins
Au-delà de l’estran, avant la « vraie terre ferme », apparaissent les dunes, fragiles et mouvantes, sujettes à l’influence des courants et du vent. Dans la région d’Olonne, elles furent longtemps les seules protections contre un océan qui poussait parfois ses vagues jusque dans des marais situés en dessous du niveau de la mer. Les humains étaient soumis à de fréquentes inondations que les dunes ne parvenaient pas à retenir. Déjà au XVIIIe siècle, pour éviter ces catastrophes, une ordonnance du Roi Louis XV avait demandé que soit plantée « une protection végétale » entre les marais et l’océan. Mais celle-ci ne fut effective qu’à partir de 1837. On fixe alors la dune, en favorisant une première stabilisation de celle-ci grâce aux oyats, ces hautes herbes charnues dont les racines forment des réseaux circulaires peu profonds (pour mieux capter l’humidité matinale), mais solides et capables de maintenir le sable. Puis on plante des arbres afin de constituer un rempart naturel encore plus conséquent, depuis la côté nord de La Chaume jusqu’à Brétignolles. Soit sur plus de 10 kilomètres de long, mais à peine un de large.

Presque se perdre…
Parmi ces arbres, les promeneurs relèvent bien sûr la présence de pins maritimes. Ils découvrent aussi des chênes verts, des charmes, des acacias et quelques érables sycomores dont les parfums, mêlés à ceux des embruns, aiguisent le plaisir de marcher sans trop compter son temps. Presque de se perdre, comme dans un conte où la vie retrouve sa dimension féérique. À l’instar de nos ancêtres « leveurs et adorateurs de Menhirs », nous cheminons jusqu’au lieu dit de la « conche verte ». Puis après avoir goûté aux sous-bois, dont la canopée forme un réel toit protecteur, un autre chemin nous permet de rejoindre les dunes puis à nouveau l’estran et l’océan. À chaque saison et même quotidiennement, parcourir ce domaine est source de sensations toujours diverses. On y fait de vrais voyages : sur terre et dans la tête. Chevreuils et sangliers pourront être au rendez-vous, mais aussi simples promeneurs avec ou sans leurs chiens… Attention cet univers est fragile, nous rappelleront à juste titre les agents des eaux et forêts. Fragile et merveilleux.

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