Maigret en vacances aux Sables.

L’on associe facilement Maigret à Simenon et Simenon aux Sables-d’Olonne, mais si l’on associe Maigret et les Sables-d’Olonne, on n’obtient qu’un seul roman, rédigé à… Tucson en Arizona.

L’œuvre littéraire de George Simenon est foisonnante. 193 romans, 158 nouvelles ainsi que plusieurs autobiographies sous son nom et 176 romans et nouvelles, parus sous 27 pseudonymes. Et au centre de cette bibliographie, son personnage le plus célèbre, le commissaire Maigret qui apparait dans 75 romans et 28 nouvelles, publiés entre 1931 et 1972.

Depuis 1999 la Ville des Sables-d’Olonne organise un Festival Simenon qui marque le lien entre l’écrivain belge et la station balnéaire vendéenne, où Georges Simenon résida dans la chambre 103 de l’hôtel les Roches Noires, avec vue sur mer, entre septembre 1944 à avril 1945, durant son assignation à résidence.

Pourtant, en 103 apparitions, le célèbre commissaire ne vit qu’une seule aventure aux Sables-d’Olonne « Les vacances de Maigret » publié en 1948 aux Presses de la cité.

Les vacances du commissaire et de Madame Maigret débutent à peine, que cette dernière doit être hospitalisée pour une crise d’appendicite et opérée d’urgence. Dans la clinique Sablaise, où Maigret visite chaque jour son épouse, une religieuse infirmière glisse dans sa poche un billet contenant ces mots : « Par pitié, demandez à voir la malade du 15 ». Le lendemain, Hélène Godreau, c’est le nom de la jeune fille de la chambre 15, meurt. Bien qu’en vacances, Maigret mène sa propre enquête qui le conduit dans les méandres de la jalousie assassine d’un notable des Sables-d’Olonne.

Nous n’en dirons pas plus, pour ne pas écorner votre plaisir de lecture.

Le roman débute ainsi « La rue était étroite, comme toutes les rues du vieux quartier des Sables-d’Olonne, avec des pavés inégaux, des trottoirs dont il fallait descendre chaque fois qu’on croisait un passant. »

On y trouve au fil du récit, quelques descriptions de la ville comme « Il y avait derrière le port, un réseau de rues étroites ou le commissaire s’enfonçait chaque jour. Les maisons n’avaient qu’un étage, parfois rien qu’un rez-de-chaussée. Le plus souvent, ce qu’il n’avait encore vu qu’aux Sables, la cave servait de cuisine communiquant avec la rue par un escalier de pierre. »

Pourtant le roman est écrit bien loin des plages et des rues olonnaises, puisque Simenon le rédige entre le 11 et le 20 novembre 1947 à Tucson en Arizona à presque 9000 kilomètres de la Vendée. On notera tout de même la rapidité d’écriture de Georges Simenon qui, en seulement neuf jours rédige un roman de 200 pages.

La quasi-totalité de son œuvre est d’ailleurs rédigée selon ce rythme. Tout commence par des promenades ou Simenon cherche et trouve, l’idée, la structure et les personnages de son roman. Puis chaque matin, il rédige et ce durant 5 à 10 jours selon les récits. Simenon disait : « Mes romans auront toujours neuf ou dix chapitres, écrits en neuf ou dix jours, car je suis incapable de tenir le coup plus longtemps. » En effet pendant ces jours de rédaction, l’écriture s’accompagne de manifestations physiques de toutes sortes et la perte de plusieurs kilos. Une fois le manuscrit terminé, Simenon cesse d’écrire durant deux à trois semaines puis « le besoin me reprend ». Alors il consulte un médecin et si ce dernier l’estime en santé suffisante, il replonge dans 10 jours d’écriture intenses.

Outre Les vacances de Maigret, Les Sables-d’Olonne servent de cadre à deux romans de Simenon : Le fils Cardinaud (1942) et La chambre bleue (1964) ainsi que Le sang des Gitanes, signé Georges Sim en 1928 et Folie d’un soir, paru sous le pseudonyme de Gaston Viallis en 1930.

Bonne lecture sur la plage !

Héros de roman, Maigret est aussi pour beaucoup de français un héros de télévision et le roman a été adapté deux fois pour le petit écran.

Une première fois en 1971, sous le titre « Maigret en vacances », dans le cadre de la série où Jean Richard interprétait le célèbre commissaire à la pipe, au sandwich et au petit verre de blanc. On pouvait donc s’attendre à ce que la cité balnéaire Olonnaise serve de lieu de tournage, et bien non, puisque l’intrigue se voit transposée à La Rochelle et Saint Martin de Ré.

Dans l’adaptation de 1995, Bruno Cremer endosse le chapeau et la pipe de Jules Maigret dans un épisode qui, s’il garde le titre du roman, se déroule… en Belgique, où le couple Maigret passe ses vacances.

 

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