Le film du Vendée Globe.

Imoca dans la brume

Le 8 novembre, un peu avant 13 h 02, une nappe de brouillard est venue recouvrir la zone de départ de la neuvième édition du Vendée Globe, obligeant à repousser plusieurs fois l’heure de couper la ligne, comme le symbole d’une édition 2020, décidément pas comme les autres. C’est peu dire que les contraintes et les incertitudes ont pesé sur le départ de cette édition 2020-2021. Préparations tronquées, bulle sanitaire, public limité, rien n’aura été épargné aux skippers, organisateurs et fans du Vendée Globe. Mais à 14 h 20 la flotte pouvait enfin s’élancer pour un Tour du monde à la voile, sans escale et sans assistance qui restera dans l’histoire.

Les papys font de la résistance

Qu’il s’agisse des bateaux ou des marins, durant ce Vendée Globe 2020 c’est avec du vieux que l’on fait les meilleures courses. Les machines de guerre de dernière génération, aux foils démesurés et aux technologies radicales, n’ont jamais eu l’occasion de donner leur pleine mesure, faute à une météo peu favorable à ce type d’engins.

Ainsi sur les 8 bateaux neufs, seuls 2 terminent dans les 10 premiers (Charlie Dalin sur Apivia à la deuxième place et Thomas Ruyant sur LinkedOut à la sixième place) et 3 n’ont pas terminé la course.
Le reste de ce top 10 est occupé par 4 bateaux à foils du millésime 2016 et 4 autres à dérive droite, dont deux datent de 2008.

C’est le cas de l’aîné des skippers engagés, Jean Le Cam sur
Yes We Cam! qui termine à 61 ans son cinquième Vendée Globe à la quatrième place. Le Roi Jean aura renforcé sa légende par cette performance marine exceptionnelle et bien évidement par le sauvetage de Kevin Escoffier, victime du seul naufrage de cette édition.

Il faut sauver le marin Kevin

Au 22e jour de course, le lundi 30 novembre, avant de quitter PRB qui sombre suite à une voie d’eau, Kevin Escoffier a déclenché la balise de détresse du bateau, à la position 40°55 Sud et 9°18 Est. Il est 14 h 46 et les opérations de secours débutent au milieu des Quarantièmes Rugissants.

Jean Le Cam, arrive sur zone à 17 heures dans des vents de 20 nœuds, et des creux de 5 mètres. Grâce au positionnement de la balise personnelle de la combinaison de survie de Kevin Escoffier, il le repère et peut lui parler un court instant par radio. La mer est très formée et le jour tombe. Jean Le Cam perd le contact visuel avec le radeau de Kevin Escoffier. Ce dernier pense ne pas pouvoir être sauvé de nuit. Il se met alors rapidement en condition de dominer son stress. Il désactive sa balise pour en économiser la batterie.

À 19 h 45 Yannick Bestaven, Benoît Hermann et Sébastien Simon sont sur zone. À terre, on calcule la possible dérive du radeau de Kevin Escoffier pour guider les recherches. À 23 h Jean Le Cam voit un signal lumineux et se dirige vers lui. Il s’approche à la grande et belle surprise de Kevin.

À 01 h 16, il est à bord de Yes We Cam! Sauvé.

Nuit d’ivresse

L’arrivée de nuit d’un IMOCA aux Sables demeure un spectacle extraordinaire. Une fois la confirmation du passage de la ligne, débute l’ivresse du soulagement, de la joie, des retrouvailles, dans les larmes et les fumées rougeoyantes des fusées de détresse tendues à bout de bras.

6 femmes

Elles étaient 6 au départ, elles sont 6 à l’arrivée, même si Isabelle Joschke et Samantha Davies ont bouclé ce Vendée Globe hors course.
Clarisse Crémer termine à la 12e place et bat le record féminin de l’épreuve en 87j 02h 24m 25s, soit 7 jours de mieux qu’Ellen MacArthur en 2001.
Pip Hare termine 19e, Miranda Merron 22e et Alexia Barrier 24e est blessée au dos.

MAcGyver

Être skipper sur le Vendée Globe c’est être marin, météorologue et bricoleur, très bricoleur. Cette édition n’a pas manqué de réparations à bord en tout genre, foil cassé, safran abîmé, voiles déchirées, pilote automatique en panne, quille fragilisée, voie d’eau, montée au mât…