Adèle et Rosalie font de leur mieux !

Vous connaissez peut-être Adèle Fugère la journaliste, mais connaissez-vous Adèle la dessinatrice ?

Petite, Adèle se rêvait archéologue travaillant au CNRS, « quelque part entre Indiana Jones et Christiane Desroches Noblecourt » mettant au jour des mystères encore enfouis dans les sables de la vallée des rois.
Petite, Adèle dessinait déjà pour elle-même, comme un refuge, un temps de concentration n’appartenant qu’à elle, non pas une activité secrète mais juste discrète, non pas volontairement cachée à ses parents ou ses amis, « j’avais juste besoin de dessiner, pas de montrer mes dessins. » Petite, Adèle faisait de son mieux, le plus souvent possible mais pas tout le temps, du moins à ses yeux.
Plus grande, se furent les études d’histoire mais pas le CNRS. Plus grande, se furent les mots, la communication, le journalisme, l’art de l’interview, la télé, l’animation de table ronde et le rôle de maîtresse de cérémonie. Plus grande, comme d’autres font de la méditation, se plongent dans la résolution de problèmes d’échecs ou des grilles de Sudoku pour « penser à autre chose », Adèle continue de dessiner. Plus grande, on invente les réseaux sociaux et Instagram. « Je peux ainsi montrer mes dessins sans croiser le regard de ceux qui les regardent ». Alors Adèle en montre quelques-uns, pas beaucoup. Plus grande, il y a le 21 janvier 2015 et la première publication sur Instagram du premier dessin détournant un objet. Quatre potatoes d’une « grande marque de restauration rapide » posées en étoile sur une feuille, un dessin autour et cela devient un personnage qui souffle sur un moulin à vent en papier. À son mari David photographe professionnel, elle confie le tout qui, avec un bon éclairage qui gomme les ombres et un léger halo qui donne de la profondeur à l’ensemble, devient le premier d’une série de ce qui ne s’appelle pas encore #adelefaitdesonmieux.

Manifestement #adelefaitdesonmieux fait du bien !

Puis vient le 16 mars 2020, premier jour du confinement. « J’ai remarqué sur la Toile qu’entre le décompte des décès quotidiens liés à la propagation de cette Covid-19 et les centaines de recettes de Tarte Tatin sans œufs, sans sucre, sans farine, sans gluten, sans lactose et sans pommes (si, si ça existe), il y avait un petit créneau, une petite fenêtre de tir pour deux choses, toutes bêtes : l’absurdité et sa cousine la légèreté. » #adelefaitdesonmieux cède alors provisoirement la place à Adèle la dessinatrice et sa création, sa créature même, Rosalie « une petite bonne femme sans âge, qui vous dira qu’elle ne comprend pas pourquoi je l’ai dessinée avec les mensurations d’un meuble Ikea plutôt que celles d’une Betty Page à son meilleur, sans vraiment de filtre, pas de tabou non plus et qui dit ce qu’elle pense. Dans ce confinement imposé et improbable, elle parle de son ennui, de son blaireau de voisin, des gestes barrière, de son chat qu’elle aimerait bouffer, de zizi à l’air et de yoga low cost. Elle parle de tout. Et quelquefois de rien. »

Et ça fait du bien, là encore.

Pour le lecteur qui rapidement attend ce rendez-vous quotidien, à 12h30 sur les réseaux sociaux, quand Rosalie apparaît dans un sketch en 4, 6 ou 8 cases. Pour sa dessinatrice tout autant car « Rosalie était devenue une hygiène de vie. Comme pas mal de gens durant cette période, il me fallait organiser mes journées, me fixer des passages obligés. Publier un sketch de Rosalie chaque jour à la même heure a structuré mon confinement ». Et sans doute celui de bon nombre de fidèles également. À la demande de son public, Rosalie est devenue l’héroïne d’un album autoédité. « Comme la clôture d’une période. Pour moi c’était une chose toute simple faite pour les réseaux, une bulle dans la bulle du confinement, un truc qui se grignote à l’apéro du midi. Devenir un album ça donnait du sérieux, mais des personnes m’ont expliqué qu’elles voulaient garder la trace de Rosalie confinée. Elles ont eu raison, car cela m’a permis de continuer à la faire vivre après le confinement. Ça tombe bien parce que je l’aime bien ce petit bout de bonne femme. Je suis contente de pouvoir continuer à la dessiner. » Autant l’avouer, nous on aime bien cette dessinatrice pas bien grande non plus, à qui il est bien difficile de poser des questions tant elle vous en pose à vous-même, toujours curieuse des autres et de ce qu’ils ont à raconter. Car la dessinatrice complète la journaliste et l’autrice, celle qui écrit et commente des documentaires sur le Vendée Globe, celle qui raconte le groupe Elmer Food Beat dans le récit de ses fans, celle qui demain, quel que soit le support, saura nous expliquer, nous amuser, nous émouvoir. C’est sans doute cela être une artiste.

“ Suivez mes aventures en vous abonnant à rosaliecasesetsketches sur Instagram et celles d’Adèle sur  #adelefaitdesonmieux